Villarnard – villa du franc Reihnardus – installé sur un replat glaciaire à 1000 mètres d’altitude est l’un des dix villages de la paroisse « Santi Johannis de Perreria » citée en 1290 et 1358

Au moyen-âge, Villarnard bénéficiait, comme la vallée des Allues, d’une relative liberté, sous la juridiction temporelle de l’archevêché de Tarentaise de Moûtiers.

Un syndic élu et son conseil géraient les biens de la communauté. Le territoire était riche d’une belle forêt d’ubac mais n’offrait qu’un alpage restreint, Praz Juget.

Les vestiges des murs en pierres sèches, dressés à mains nues, de génération en génération pour apprivoiser la pente et retenir ce bien précieux, la terre, témoignent d’une existence laborieuse.

Comment peut-on imaginer Villarnard au milieu d’une mosaïque colorée de cultures et de prés, avec une multitude de pommiers, de noyers, avec le seigle remontant à la lisière de la forêt. Ce paysage aujourd’hui effacé par le retour de la friche était façonné au prix d’une incessante migration pastorale et d’habitats au rythme des saisons. Pour un peu plus d’argent et un peu moins de bouches à nourrir, une autre migration au loin commençait dès la première neige.

Le lot commun des épidémies, des incendies (celui de 1859, causé par le « feu du ciel » a été catastrophique), des accidents climatiques venait ruiner les efforts obstinés des familles pour arracher à la montagne leur survie. Cette autarcie, où « tout » avait valeur de réemploi et où « presque rien » trouvait encore un usage, n’autorisait aucun gaspillage, et surtout pas celui du temps.

Les constructions accolées en cascade dans la pente se protégeaient entre elles du froid et des intempéries. Le foin, dans les granges à trois niveaux et les animaux dans les écuries, servaient d’isolant aux maisons.

Villarnard conserve encore sa chapelle saint-Bernard, saint-Roch (cité en 1633), son four banal, ses trois « bachals » et son lavoir en pierres taillées. Mais la traversée du village n’offre plus aux passants l’odeur du foin, ni des bêtes, ni du vin qui travaille à la cave, ni du pain qui gonfle dans le four. Le temps a étouffé les voix chantantes du patois, le son matinal de la corne pour le « troupeau » et les rires dans la nuit glaciale, au sortir des veillées à l’écurie.

Ce mode de vie et de subsistance s’éteignait définitivement à l’après-guerre. Envahi par les orties, Villarnard devenait un village fantôme jusqu’à ce que la construction d’une route carrossable, à la faveur du remembrement, ouvre une ère de renouveau.

Aujourd’hui le village accueille de nouveaux résidents permanents, attirés par le rayonnement économique des stations touristiques des trois vallées.

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