Les paysans étaient aussi des mineurs. Nécessité fait loi !

La Tarentaise et la Maurienne sont traversées d’Aoste à Briançon par une zone géologique houillère. Depuis les temps les plus reculés les communautés se sont organisées pour tirer parti d’un combustible minéral pour préserver leur forêt d’un prélèvement excessif, facteur de catastrophes naturelles.

Les communiers tirent « le charbon de la terre » pour les besoins de la maréchalerie, de la maçonnerie-cuisson dans les fours à chaux, mais aussi pour alimenter la saline de Moûtiers. La mine des Roches est citée dans un acte d’acencement, appelé « borne de charbon » datant de 1685, à la faveur du Sieur Chedal-Crucé.

Le syndic, supervisé par l’Intendant de la Tarentaise, accorde des permis de fouilles sur différents « mas » du territoire communal pour des durées limitées, sous forme d’enchères à la bougie. La concurrence est âpre malgré l’incertitude de trouver « le bon filon » derrière la roche de schiste. Le labeur est pénible, dans l’obscurité et l’humidité, mais dès le début de l’hiver, la mine est la seule alternative à l’exode saisonnier. Une charge de mulet – un quintal – se vend, en 1853, une livre 62, rendue à Moûtiers.

Plus tard l’administration Sarde renforce la réglementation et le contrôle de l’exploitation houillère pour, entre autres, améliorer la sécurité des mineurs et pour percevoir une taxe seigneuriale sur la production. L’Edit Royal de 1860 impose qu’une mine ne peut être exploitée que par le propriétaire d’une concession, une fois la découverte constatée par l’ingénieur des mines.

La première concession accordée à un particulier en Tarentaise est celle de Champ Dernier, en 1851, à Siméon Blanc, sur 44 ha.

La Mine des Roches, qui compte plusieurs galeries, appartient à la fabrique paroissiale qui la loue à des entrepreneurs. En 1859, une société formée uniquement de Perrerains en obtient la concession : MM Chedal- Petit, Molly et Chedal. A cette époque, un « étranger », M Colombier, achète la concession de Champ-Dernier et entreprend des travaux considérables pour acheminer l’anthracite par câble aérien, au bord de la route, aux Chavonnes. Il a le projet d’y implanter une usine d’agglomération (briquettes, boulets).

Au début du XX° siècle, l’implantation de l’industrie électrochimique au Villard-du-Planay assure un écoulement rentable aux mines de la Perrière. La concession du Champ-Dernier cesse définitivement en 1923, après avoir plusieurs fois changé de mains : la compagnie Française des charbonnages de la Savoie, la compagnie des anthracites de Tarentaise, la société minière des Alpes (les mines du Carvin).

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